Dictionnaire des noms propres dans l'oeuvre de Jean Giono
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Le style

Aperçu non exhaustif de quelques figures de style, parfois combinées et utilisées par Jean GIONO dans son œuvre.

L’allitération et l’assonance

Quelques répétitions de consonnes (allitération) ou de voyelles (assonance) :
     • assonance en fi, dans La Chasse au bonheur, « Humilité, beauté, orgueil », page 125 : « (...) chaque soir, la fileuse se met à filer le fil (...) »
     • assonance en amme/emme, dans La Chasse au bonheur, « Certains gitans », page 209 : « (...) la lueur des flammes et, devant ces flammes, une femme flamme qui danse. »
     • assonance en li, dans Noé :
- page 287 : « (...) des papiers liés en liasses (...) »
- page 344 : « (...) des limes luisantes de limailles (...) »
     • allitération en bl, dans Noé, page 344 : « des blondeurs de blé (...) »
     • allitérations en f et m, dans Le Poids du ciel :
- page 157 (complétées par une double anaphore) : « La forme formée des truites (...) la forme formée d’une oreille (...) passion dans sa forme formante. »
- page 193 : « les formes formées de l’eau (...) les formes formées de l’air (...) les formes formées de la Terre (...) des hommes naturels forme formée (...) de la Terre (...) subtilité (...) dont ils sont la forme formée (...) »
- page 194 : « le reste de leur forme formée. »
- page 196 : « il a été formé par la forme (...) »

L’allusion

Référence, citation à peine déguisée d’un auteur non nommé, qui, en mettant à contribution la culture du lecteur, lui adresse un clin d’œil complice.
     • dans Batailles dans la montagne, page 464 : « Il y avait à peine le bruit des rames entrant dans l’eau (...) » renvoie à Lamartine, Le Lac :
Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
et page 424 « les joues de la tête » font écho à de plus récentes joues de la nuit (chodoù an nozh, « Votre dos perd son nom avec si bonne grâce », dixit Georges Brassens, Vénus callipyge) dont parle Pierre Jakez Hélias dans Le Cheval d’orgueil en 1975 (page 581).
     • dans La Chasse au bonheur, « L’habitude », page 90 :
« Aujourd’hui, autant en emporte le vent (...) ». Citation exacte du titre français du film réalisé en 1939 par Victor Fleming : Autant en emporte le vent (Gone with the wind).
     • dans Les Grands Chemins page 133 :
« Avec le patron, c’est : “À moi, comte, deux mots” (...) », réplique de Rodrigue dans Le Cid de Racine.
     • dans Le Hussard sur le toit :
- page 123 : « Il a jeté du poison dans la fontaine des Observantines. » est une référence à Sade, Les 120 journées de Sodome (page 434 de l’édition 10|18) : « Il empoisonnait aussi les fontaines et les rivières. »
- page 473 : une vraie citation, anonyme : « Vénus tout entière à sa proie attachée. » D’après Racine, Phèdre, acte I, scène III.
     • dans Jean le Bleu :
- page 250 : « Si, quand tu seras un homme (...) alors tu seras un homme. » est une référence au poème Si de Rudyard Kipling ;
- page 272 : « Le soleil était juste. » est une référence au Cimetière marin de Paul Valéry : « Midi le juste y compose de feux (...) »
     • dans Noé :
- page 163 « (...) l’accroupissement final d’une “Mort du Cygne noir”. » est une référence au ballet le Lac des cygnes composé par Piotr Ilitch Tchaïkovski en 1876.
- page 169 « (...) les mille nuits arabes » sont le rappel du recueil de contes arabes les Mille et Une Nuits.
- page 221 « (...) pour aller glisser dans la main du musicien d’Hector Malot (...) » est une référence au roman Sans famille écrit par Hector Malot.
- page 279 « C’est pourquoi il a cet air “Albatros sur le pont du navire”. » est une allusion au poème « L’Albatros », dans le recueil Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire.
     • dans Les Trois Arbres de Palzem, « Le monde », page 124 :
« (...) le landau de mon dernier-né dégringole les escaliers d’Odessa (...) » est une allusion à la scène identique du film Le Cuirassé Potemkine réalisé par Sergueï M. Eisenstein en 1925.
Et MOZART, qui est une référence fréquente chez GIONO. Dans l’opéra Don Giovanni, livret de Da Ponte, Leporello, faisant le bilan des conquêtes de don Giovanni (don Juan), chante à l’acte I « (...) Mil e tre ». Ces paroles sont citées :
     • dans Les Grands Chemins page 193 :
« (...) en Espagne il y en a déjà mille et trois. »
     • dans Les Terrasses de l’île d’Elbe, « Le tabac », page 120 :
« (...) on irait à “mille et trois”. »
     • dans Les Trois Arbres de Palzem, « Le sang », page 11 :
« (...) celui [le truc] de don Juan (...) dont on dresse la liste (...) les mille et trois (...) »

L’anacoluthe

La rupture de construction est caractéristique du langage parlé. GIONO en use souvent :
     • dans L’Eau vive - 1. Rondeur des jours « Mort du blé », page 234 :
« Le lavoir (...), son canon gouttait une goutte (...) »
     • dans Noé :
- page 10 : « Il y a des ruelles (...), j’y vois Vérone. »
- page 108 : « L’homme qui a établi une dynastie – (...) – je me demande de quelle façon il se débattrait (...) »
- page 187 : « Le pavillon, il fallait contourner (...) pour y arriver (...) »
     • dans Un de Baumugnes, page 9 :
« Après boire, l’homme qui regarde la table et qui soupire, c’est qu’il va parler. »

L’anaphore

La répétition du même mot (ou d’une même expression) en début de plusieurs phrases s’apparente à une énumération. L’anaphore est relativement courante chez GIONO.
     • 29 répétitions dans Noé, pages 372-373 :
« On se parle (...). On suppute (...). On se demande (...). On commence (...). On sait déjà (...) on attelle (...) ; on ajoute (...) ; on place (...) ; on selle (...) ; on remplit (...) ; on tourne (...). On fouille (...) ; on tire et on pousse des tiroirs ; on ouvre (...) ; on choisit (...) ; on cire (...) ; on ne trouve pas (...), on demande (...) ; on pleure, on se dispute, on crie ; on trouve (...) ; on le croyait (...) ; on le rafistole (...), on est de mauvaise humeur (...) ; on a mal (...). On boit (...) ; on se dit qu’après tout (...) »
     • 13 répétitions dans Noé, page 367 :
« (...) on a fouillé à fond les familles (...) ceux qu’on veut épater ; ceux dont on ne peut pas (...) ; ceux qui peuvent encore servir ; ceux qui ne peuvent plus servir (...) ; ceux qui figurent ; ceux à qui (...) on en met un bon coup (...) ; ceux qui en crèveront ; ceux qui ne s’en relèveront pas ; ceux qui ne l’emporteront pas en paradis ; ceux qu’on ne peut éviter sans risques ; ceux qui nous le feraient payer cher ; ceux à qui il faut faire de bonnes manières ; ceux à qui il ne faut pas faire de bonnes manières... »
     • 7 répétitions, doublées d’autant de répétitions internes, dans La Chasse au bonheur, « L’écorce et l’arbre », page 147 :
« De Givet à Bayonne, de Brest à Nice, de Dunkerque à Marseille, d’Honolulu à Karachi, du Cap à Arkhangelsk, de Sydney à Stockholm, de Punta Arena à Fort William (...) »
     • 7 répétitions dans Noé :
- page 90 : « (...) toute cette antiquaille de vieilles chaises à porteur, vieilles marmites, vieilles faïences, vieille magistrature, vieille culotte de peau, vieille université, vieille marquiserie de Sade. »
- page 373 : « (...) on se dit qu’après tout il y a des chances (...) ; qu’après tout elle a (...) ; qu’après tout l’intelligence (...) ; qu’après tout ils se dépêchent (...) ; qu’après tout, des garçons (...) ; qu’après tout (...) il y a peut-être (...) ; qu’après tout elle a de qui tenir (...) »
     • 6 répétitions dans La Chasse au bonheur, « L’écorce et l’arbre », pages 147-148 :
« Il n’est pas une mine (...). Il n’est pas une mer (...) ; il n’est pas de port (...) ; il n’est pas de mer (...). Il n’est pas de maison (...) ; il n’est pas de divertissement (...). »
     • 6 répétitions dans Noé, pages 306-307 :
« (...) ayant quitté la maison (...), ayant quitté la rue (...), ayant quitté ce quartier (...), ayant pris les chemins (...), ayant parcouru la rue (...), ayant aperçu devant lui (...) »
     • 6 répétitions dans Le Poids du ciel :
- page 15 : « Elle organise ; elle ordonne, elle unit, elle rejoint, elle se marie, elle se mélange. »
- pages 135-136 : « Une quantité infinie de notes (...) Une quantité infinie de couleurs (...) Une quantité infinie de matière (...) Une quantité infinie de corps (...) Une quantité infinie de variations fait vivre la moindre partie de l’Univers (...) Une quantité infinie de variations fait vivre les parties de l’Univers (...). »
     • 5 répétitions dans Batailles dans la montagne, page 533 :
« Nella fuggia, nella rocca, nella groppa, nella bestia, nella buccha ! »
     • 5 répétitions dans Le Poids du ciel, pages 117-118, qui combine de plus une triple épiphore et une répétition triple :
« Gloire à la procession des jours ! Gloire dans l’éternité des siècles à la procession des jours ! Gloire à l’amour qui fait se dérouler dans l’éternité de l’univers l’éternité des siècles où coule l’éternité de la procession des jours ! Gloire ! (...) Gloire ! »
     • 4 répétitions dans La Chasse au bonheur, « Certains gitans », page 209 :
« (...) ce symbole (...) : liberté de l’amour, liberté de l’assassinat, liberté de la fuite, liberté du travail (...). »
     • 4 répétitions dans Noé :
- page 97 : « Je l’ai vu, et j’ai vu sa femme, et j’ai vu sa fille, et j’ai vu l’intérieur de sa maison. »
- page 108 : « (...) à se débattre contre mille sortes de filets, mille sortes de mailles, mille sortes de tours de main, mille sortes d’emmaillotages (...) »
     • 4 répétitions dans Le Poids du ciel, page 14 :
« Elle peut lancer son poing (...) Elle peut soulever son poids (...) Elle peut courir (...) Elle peut porter (...) »
     • 3 répétitions dans Noé :
- page 290 : « (...) une étoffe d’été très claire, très fine, très fleurie (...) »
- page 297 : « (...) une vingtaine de ses beaux pas, bien calmes, bien balancés, bien d’aplomb (...) »
     • 2 répétitions dans Noé, page 87 :
« Elles ne pourront plus se payer le luxe de la liberté, le luxe de n’être pas obligées (...) »

Le calembour

À dose homéopathique chez GIONO.
     • dans Le Hussard sur le toit page 19 :
« L’occasion fait le lard rond. »
     • dans Noé :
- page 132, jouant sur la polysémie du pronom relatif qui entraîne l’ambiguïté de la réponse : « (...) avez-vous été blessé ? Au moulin de Laffaux. Je veux dire dans quelle partie du corps ? À l’épaule. »
- page 224 (c’est GIONO qui souligne) : « (...) ces artères où circule déjà plus de bruit que de sang (...) »

La catachrèse

Presque un lieu commun et passée dans le langage courant, l’association de ces deux termes fait disparaître la métaphore ou la métonymie sous-entendue.
     • dans Batailles dans la montagne :
- page 51 : « le plafond des nuages »
- page 52 : « la porte de l’hiver »
     • dans Le Bestiaire, « Le grain de tabac », page 27 :
« On se perd en conjectures »
     • dans La Chasse au bonheur, « Ma mère », page 191 :
« l’ombre complice ». Conscient de la catachrèse, GIONO confirme : « (comme on dit) »... en surajoutant une autre figure de style, la parenthèse !
     • dans Noé :
- page 132 : « (...) les temps modernes (...) »
- page 155 : « (...) comme on dit, figure humaine (...) »

La comparaison

La plus facile à reconnaître parmi les figures de style, à laquelle Jean GIONO apporte une grande inventivité.
     • dans Batailles dans la montagne page 17 :
« (...) la clairière pleine de brumes était comme un globe de sel. »
     • dans Le Poids du ciel, page 167 :
« l’ombre de la nuit se gonflait comme une grosse poule noire »

L’ellipse

Un raccourci narratif.
     • Dans La Chasse au bonheur, « Le temps », page 45 :
« Notre électricité (...) était jaune (...) » : l’électricité fournie par l’usine artisanale qui alimentait nos ampoules produisait une puissance si faible que leur luminosité donnait une lumière jaune.
     • Et la même ellipse électrique dans Noé, page 92 :
« (...) les couloirs éclairés d’une vieille électricité qui donne une lumière de cuivre (...) » : les couloirs éclairés par les ampoules alimentées par le réseau dont la puissance était si faible que leur luminosité donnait une lumière cuivrée.
     • Dans Un roi sans divertissement, page 138 :
« (...) la dame de la route (...) » désigne la dame qui tient le Café de la route.

L’énumération

Donnant une impression d’accumulation, la figure la plus souvent employée par Jean GIONO, dont voici quelques exemples, dans l’ordre décroissant du nombre de termes.
Sous la forme asyndète, c’est-à-dire sans liaison entre chaque élément de l’énumération :
     • 55 termes dans Noé, pages 366-367 :
à propos des férocités de l’époque : « Tous les vitriols, tous les acides, tous les poisons, toutes les épines, tous les dards, toutes les barbelures, vieilles lames rouillées, éclats de silex, épines de cactus, écorces de bambous, curare, cobra di capello, serpent à sonnette, serpent-minute, anaconda, boa, caïman, rhinocéros, buffle, orang-outang, hamadryas, tous les oncles Henri, tante Ulalie, cousine Luce, cousin Léopold ; mon beau-frère ; l’ami d’Antoine ; Antoinette ; la belle-mère de ma sœur ; l’ami de l’oncle Ernest ; ceux que j’ai invités (...) ; M. Alexandre ; naturellement tes amis ; la famille de Léon ; la veuve Julie ; ta sœur ; mon frère ; vos beaux-parents ; la belle-sœur de Julie ; la femme d’Ernest ; bien entendu Paul (...), Rose, Marthe, Jeanne, Marie-Claire, Hélène, Germaine, Marguerite (...) ; et la vieille Annette (...), M. Armand (...) ; Georges et sa famille (...), Raoul et ses enfants (...) Et les Trouillot (...) ? Et les Grouillac (...) ? Et les Crachasse (...) ? »
     • 42 termes dans La Chasse au bonheur, « D’un usage courant », pages 38-39 :
« C’est ainsi qu’on enlève le duc d’Enghien, qu’on assassine le duc de Guise, qu’on interprète la dépêche d’Ems, qu’on donne quatre sous à Ravaillac, qu’on fait monter (...), qu’on organise le procès (...), qu’on établit des statistiques, qu’on s’embusque à Sarajevo, qu’on entrelace des ronds de cuir, qu’on recrute la cavalerie de Cromwell, qu’on propose des médiations, qu’on prépare les ides de mars, qu’on voit un fantôme (...), qu’on sivisse pacem, qu’on panemme et circensesse, qu’on supporte le pouvoir (...), qu’on ferme le guichet de Port-Royal, qu’on écrit la correspondance (...), qu’on baptise Clovis, qu’on tue Kléber, qu’on réprime la révolte (...), qu’on accueille le président (...), qu’on marie la reine Jeanne, qu’on embauche Hercule, qu’on escamote Koutiepof, qu’on donne à boire (...), qu’on tombe sur le chemin de Damas, qu’on prêche la croisade, qu’on chasse le Cid, qu’on chante Gloria (...), qu’on prépare les programmes (...), que Cortés se fait passer pour un dieu, que Charles Quint se sert (...), que Philippe Auguste abandonne (...), que Catherine de Médicis fait semblant (...), qu’on enlève Argoud, que les ministres (...), qu’on donne un sens (...), qu’on cultive l’éloquence, qu’on élève des martyrs (...), que Mahomet change (...), qu’on invente la raison d’État (...) »
     • 36 termes dans Le Bestiaire, « Le grain de tabac », page 26 :
« Il vit de chênes, hêtres, frênes, pins, sapins, mélèzes, platanes, sycomores, pruniers (...), robiniers, acacias, lilas (...), arbres (...), oliviers, lauriers, cystes (...), châtaigniers, marronniers, arbousiers, trembles, peupliers (...), saules (...), cèdres, caliganthas, ormes, pommiers, poiriers, cerisiers (...), coudriers, cyprès, ifs et thuyas, abricotiers, glycines, rhododendrons (...), tilleuls, et jusque de l’eucalyptus (...) »
     • 35 termes dans La Chasse au bonheur, « La chasse au bonheur », page 102 :
« Tout est de grande valeur : une foule, un visage, des visages, une démarche, un port de tête, des mains, une main, la solitude, un arbre, des arbres, une lumière, la nuit, des escaliers, des corridors, des bruits de pas, des rues désertes, des fleurs, un fleuve, des plaines, l’eau, le ciel, la terre, le feu, la mer, le battement d’un cœur, la pluie, le vent, le soleil, le chant du monde, le froid, le chaud, boire, manger, dormir, aimer. »
     • 34 termes dans La Chasse au bonheur, « Le démon mesquin », pages 29-30 :
« (...) un monde où rien ne va : le robinet du lavabo fuit, la cuvette est bouchée, la table est bancale, la chaise aussi (...), le tiroir ne s’ouvre pas, une fois ouvert il ne se ferme plus, la lampe s’allume (...), le verre à pied n’a plus de pied, l’assiette est fêlée, les becs de la plume sont inégaux et écartés, l’encre est huileuse, le papier gras, la colle (...) ne colle pas, le buvard n’est pas buvard, les souliers sont trop petits, les chaussettes trop grandes, il y a du gravier dans le dentifrice, la lame de rasoir est ébréchée, les murs (...) ne sont pas d’aplomb, le parquet se déglingue, les poignées de portes (...), la brosse (...) perd ses poils, le savon sent mauvais, les boutonnières sont trop grandes (...), il manque des pages à tous les livres, les poches sont toutes trouées, les manches sont trop courtes, le pantalon est trop long, sa ceinture est trop étroite, les verres bavent, le manche des casseroles tourne, il n’y a pas de papier aux cabinets, les couteaux se plient à l’envers, enfin le sel est sucré. »
     • 32 termes dans Le Bestiaire, « Le tigre », page 111 :
« Il y a beaucoup de monde dans un tigre : des banques, des corsos carnavalesques, des matches de football, des caisses d’épargne, des bourses du commerce, des loteries nationales, des plébiscites, des radiotélévisions, des grands conseils de l’ordre, des chambres syndicales, des palais épiscopaux, des Sorbonne, des Panthéon, des Arc (sic) de triomphe, des états-majors, des joueurs de boule (...), des académies de billard, des Tours de France, des foires de Beaucaire, des matadors in plazza, des vélodromes d’hiver, des chaires à Notre-Dame, des avenues triomphales, des usines de Marcoule, des Sécurités sociales, des hôtesses de l’air, des morts au champ d’honneur, des dernières cartouches, des Viens Poupoule, des ONU, des UNO, des CQFD en quantité. »
     • 26 termes dans La Chasse au bonheur, « La hideuse province », page 172 :
« Notre repas de midi était une immense galimafrée de “petites bêtes” : petits oiseaux, moineaux, pinsons, rouges-gorges, rossignols, courlis, pluviers, alouettes, grives, merles, râles d’eau, bergeronnettes, roitelets, hoche-queues, culs-blancs, bouvreuils, cailles, mésanges charbonnières, chardonnerets, coucous, loriots, verdioles, (...) bécasses, bécassines, poules d’eau, et même (...) des coquecigrues. »
     • 22 termes dans Le Bestiaire, « L’ours », pages 85-86 :
« (...) qui s’inspirent dans leur art (...) de la crampe des écrivains, de la fille d’officiers supérieurs, du qu’en dira-t-on, des vaillantes populations républicaines, de l’Embrassons-nous Folleville, de l’à moi comte deux mots, du portier des chartreux, du suivant les pouvoirs qui nous sont conférés, du garanti par le gouvernement, du destin qui frappe à la porte, du si tu ne viens pas à Lagardère, du copyright by, du viens avec moi petit, du et s’il n’en reste qu’un, du complexe d’Œdipe (...), du beurre dans les épinards, du plus petit que soi, du pour qui sont ces serpents, du pain dur (...), du à moi Auvergne (...), de soldats je suis content de vous, du je suis noire (...), etc. »
     • 20 termes répartis entre une énumération principale et deux secondaires, dans La Chasse au bonheur, « La hideuse province », page 160 :
« Il n’en manque pas des pays (...) l’Oklahoma, le Sin-kiang, le désert de Gobi, les oasis du Tarim, la lointaine Thulé (...), la Nouvelle-Zélande, voire les îles Sous-le-Vent, ou de la Sonde, ou de Pâques, de Juan Fernandez, Sainte-Hélène, Tristan da Cunha etc., y compris les étendues du Pacifique et de l’Atlantique (...) ; sans compter (...) les Basses-Alpes, les Girondes, les Meurthe-et-Moselle, les Creuses, les Nords et les Bouches-du-Rhône (...) »
     • 20 termes dans Noé :
- page 157 : « (...) il se fait un grand trafic de luxurieux, de gourmands, d’envieux, de cupides, d’ambitieux, de paresseux, de violents, d’hérétiques, de séducteurs, augures, simoniaques, sorciers, imposteurs, hypocrites, voleurs, falsificateurs, semeurs de discorde, faux-monnayeurs, fornicateurs et adultères de tous genres entre les collines de bronze et Marseille. »
- pages 309-310 : « (...) les flamboiements de milliers de chapeaux (...), de giletières, de colliers, de plumes, de rubans, de bracelets, de lunettes, lorgnons, boucles de ceintures, sacs à main, souliers, satin, soie, toile blanche, pipes, dents, bouches, rires, gestes, moirures des yeux dont on ne peut pas connaître la couleur particulière (...) »
     • 19 termes dans La Chasse au bonheur, « Châteaux en Italie », page 65 :
« (...) pour les autres de couloirs, d’escaliers, de salle (sic) de bal, de vestibules, de terrasses, de tours, de balcons, de belvédères, de souterrains, de portes secrètes, de passages dissimulés, de forêts, de colonnes, de crépis, d’enduits, de fresques, de marbres, de bois nobles, de gypseries. »
     • 18 termes dans La Chasse au bonheur, « L’an deux mille », pages 225-226 :
« Trois chênes, un saule, un champ de seigle, des peupliers, la flexible colline, le fleuve, le ruisseau, le nuage, le vent (...), les pluies, les orages, un amandier mort, l’olivier, le pin (...), le vol des oiseaux, l’aboi d’un chien... sans compter l’horizon sonore du rossignol (...) et les libres espaces des parfums. »
     • 18 termes dans Noé, pages 334-335 :
« (...) voici devant moi la colline du Mont-d’Or, celle de Toutes-Aures, celle d’Espel, le quartier des Savels, des Saint-Pierre, des Moulin-Neuf, des Champs-des-Pruniers, la montée des Manins, Gaude, Sainte-Roustagne, les Adrets, les Séminaires, Pettavigne, les Iscles, le Pont-Neuf, Pimoutier, Champ-Clos, le Soubeyran... »
     • 17 termes dans La Chasse au bonheur, « Le voyage », page 50 :
« Le XIXe siècle a beaucoup voyagé. Stendhal (...), mais aussi Balzac (...), Victor Hugo, George Sand, Byron, Shelley, Custine (...), Boucher de Perthes (...), Alexandre Dumas (...), Chateaubriand (...), le marquis de Virmont, Toppfer, Mme de Rémusat, Jules d’Abrantès, Arago, Victor Jacquemont, Monsieur Perrichon (...)  »
     • 17 termes dans Le Poids du ciel, page 25 :
« Il y a de la violette, de la gentiane, des perce-neige, des pavots, des pervenches, des orchis vanillés, des arnicas, des millepertuis, des saponaires, des grenades, des lys, des lilas, des églantines, des fèves, des flouves, des avoines et des chardons (...) »
     • 16 termes dans Noé, page 328 :
« (...) je place devant moi les montagnes et les plaines, les coteaux et les vallées, les eaux, les labours, les fermes, les villages, les forêts, les landes, les plateaux, les gris, les bleus, les rouges, les jaunes et les verts (...) »
     • 16 termes dans Le Poids du ciel :
- page 110, pour lister les entreprises marseillaises d’où sortent les ouvriers : « Les sésames et tourteaux, les compagnies universelles des pétroles, les vins d’Algérie, les chocolateries, les chaux et ciment, les gueuses de fonte, les gaz, les poutrelles réunies, les raphias, les sparteries de la côte, les cordages, les chantiers de la Méditerranée, les tuiles de Saint-Henri, les briques, les plâtres, les constructions métallurgiques, les arsenaux du commerce sortent dans les avenues (...) » et se poursuit par une nouvelle énumération de six destinations vers lesquelles les ouvriers se dirigent.
- pages 182-183, pour expliquer les raisons de ressentir la paix auprès des artisans : « La paix (...) je la retrouve dans la rue (...), près du banc du menuisier, près de l’enclume du forgeron, près de l’étau du serrurier, près de l’établi du cordonnier, près de la table du tailleur, près du foyer du charron, dans la grange du carrossier, dans la fosse du tanneur, dans la poussière des scieries, dans les navettes du tisserand, dans la roue du potier de terre, dans la solitude des métiers, dans la joie d’accomplir soi-même, dans l’obligation d’être habile, dans la connaissance des vraies raisons de vivre. »
     • 15 termes dans Noé, page 95 :
« (...) un trésor de guerre immense de finesse, d’entregent, de brutalité, de douceur, de force morale, de force physique, de malice, de ruse, d’hypocrisie, de grandeur, de ténacité, d’obstination, de patience, d’orgueil et de cent mille autres sentiments (...) »
     • 14 termes dans Le Bestiaire :
- « Le grain de tabac », pages 25-26 : « [La bouche] est armée de dents (...), de racloirs, de rabots, de scies, de peignes, de râpes, de barres à mine (...), de brosses, de pinces, de cisailles, de vrilles, de tarières, de griffes (...) et d’instruments de la Passion. »
- « Le cheval de paille », page 76 : « (...) avec tous ces épiciers, quincailliers, notaires, huissiers, libraires, marchands (...), garçons de bistrots, cuisiniers, ménagères, maçons, prolétaires, artisans, bourgeois, nobles seigneurs (...) »
     • 13 termes dans Le Bestiaire, « Le cheval de paille », page 73 :
« (...) sous un emblème qui en soit la louve, la tortue, le cerf, le sanglier, le lièvre, le blaireau, le serpent, le dragon, la licorne, l’éléphant, le lézard, le lion ou la girafe (...) »
     • 13 termes dans La Chasse au bonheur, « De certains parfums », page 231 :
« Il mélangeait (...) du musc, de la tulipe tropicale, du clou de girofle, du safran, du santal, de la résine, du coquillage pilé, de la cannelle, de l’armoise, de l’euphorbe, de l’aloès et du crottin de chèvre, plus certainement quelques ingrédients secrets. »
     • 13 termes dans Noé :
- page 90 : « (...) organisé en étables de vaches à lait pour les pères, mères, frères, sœurs, épouses, fils, filles, amis, ennemis, généraux, amiraux, caporaux et soldats. »
- page 102 : « L’odeur des narcisses lui donnait son étendue, ses jeux de lumière, ses fraîcheurs, ses souffles, ses écumes, ses mouettes, ses embruns, ses halètements, ses replis, sa violence de rapt, d’enlèvement et de départ, sa romance. »
     • 12 termes dans La Chasse au bonheur :
- « La hideuse province », page 164, incluant une sextuple allitération en tr : « (...) et en avant la musique, les orphéons, les orgues, les chœurs, les clameurs, les clairons, les trompettes, les trombones, les tromblons, les troubadours, les troupes et les troupeaux (...) »
- « L’art de vivre », page 215 : « On en parle tout le temps : on se ronge le cœur, on en a le cœur net, on a le cœur dur, le cœur gros, la bouche en cœur, un cœur d’or, un bon cœur ; on est joli comme un cœur, on parle au cœur, touché au cœur, ce qu’on a sur le cœur, jusqu’au Sacré-Cœur, etc. »
     • 12 termes dans Le Poids du ciel, page 64 :
« (...) l’éclatante bourrasque de la matière : Antarès, Procyon, Andromède, Aldébaran, Fomalhaut, Arcturus, Rigel, Bételgeuse, Pollux, Altaïr, Véga, l’Épi ruissellent de chaque côté (...) »
     • 11 termes dans Le Bestiaire :
- « Le grain de tabac », page 28 : « le paysage (...) : les rues, les villes, les places, les forums, les agoras, les nurserys, les universités, les lieux à congrès, les couloirs (...), les voies Appiennes, les panthéons, etc. »
- « L’oiseau-bleu », page 159 : « (...) une sorte de forêt (...) formée de filatures, de corons, de hauts fournaux, de gares de triage, de carreaux de mines, de grands ensembles, de canaux du Nord, de tour de Londres, de beffroi de Lille, de pont d’Anvers et autres Capri. »
     • 11 termes dans La Chasse au bonheur, « L’écorce et l’arbre », page 147 :
« (...) les grains, les vins, les laitages, les caviars, les laines, les cuirs, les essences, les bois, les alumines, les fers et les idées s’échangent. »
     • 11 termes dans Le Moulin de Pologne, page 33 :
« l’infortune (...) : roues brisées, brancards rompus, chevaux emballés, canots crevés, vaisseaux submergés (...), maisons vomissant (...), chiens enragés (...), fusils éclatés, robes en feu, explosions de lampes (...) et même rochers tombant du ciel. »
     • 11 termes dans Noé, pages 343-344 :
« (...) des grappes de bulles qui contenaient des quartiers de la ville, des intérieurs de cafés, les fontaines (...), des ateliers d’artisans, des champs de foire, des explosions de routes, des crépitements de vigne, des blondeurs de blés, des ombres de greniers, des poussière de farine, des limes luisantes de limailles (...) »
     • 10 termes dans Le Bestiaire :
- « Le poisson », page 45 : « (...) je l’ai lu dans des livres de spécialistes, des Huchon, des Pasquier, des Patterson, des Egger, des Cavallera, des Delamare, des Curnier, des Dard, des Leroux, et même des abbés Le Dieu (...) »
- « Le verrat-maquereau », page 156 : « (...) l’autre bout de la hiérarchie (...) les abramides, les acanthopodes, les acanthoptérygiens (...), les acaranas (...), les acérines, les acipes, les alépidotes (...), les anadromes, les anchois et les anges de mer. »
     • 10 termes dans Noé :
- page 91 : « (...) ces personnages qui (...) me frottent de barbes, de bouches, d’yeux, d’oreilles, de seins, de cheveux, de cuisses, de mains, de ventres et d’épaules (...) »
- page 105 : « (...) immenses galeries de Versailles fourrées (...) d’escaliers, de couloirs, de portes battantes, de salles, de passerelles, de coursives, de conduits, de caves, d’alcôves, de voûtes (...) »
     • 9 termes dans Le Bestiaire :
- « The bear », page 138 : « Il est fou de football (...) qui se joue avec les mains, les pieds, les fesses, la tête, le poing, le revolver, la hache d’arme, le coup de poing américain, le boomerang, etc. (...) »
- « Le verrat-maquereau », page 153 : « (...) [le verrat-maquereau] est juste avant la vieille, le vilain, le vimba, la vive, la vivelle ou scie, le poisson volant, le xiphias ou épée de mer, le yokole et le zée (...) »
     • 9 termes dans Le Poids du ciel, page 13 :
« une tablette (...) avec, là-dessus, des pierres ponces, des savons, des laits en bouteille, des alcools, des couleurs fraîches (...) ; des rasoirs, des pâtes à épiler, des étrilles à beauté, des outils complets de propreté corporelle. »
     • 8 termes dans La Chasse au bonheur, « De certains parfums », page 237 :
« Les bulldozers (...) ont pulvérisé les arbres, les bassins, les fontaines, les miradors, les vérandas, les serres et les jardins d’hiver ; (...) une petite cassolette carrée (...) »
     • 8 termes dans Le Poids du ciel, page 69 :
« cet homme (...) ayant abandonné signal, manettes, télégraphe, aiguillages, mécaniques, techniques, barème, graphique (...) »
     • 7 termes dans Le Poids du ciel, page 117 :
« il est parti (...) avec son baluchon où il y avait un bloc de poix, du ligneul, des alènes, deux tranchets, un marteau, un demi-kilo de clous et vingt francs de cuir (...) »
     • 6 termes dans Le Hussard sur le toit, page 474 :
« Pendant qu’un chameau agonise (...), une grisette boit (...), une famille de crocodiles descend (...), un troupeau d’éléphants traverse (...), une vigogne (...) crache (...), une baleine flotte (...) »
     • 6 termes dans Le Poids du ciel, page 116 :
« Il y a des épinards nature, des épinards à l’œuf, des carottes (...), des petits pois, des laitues, du veau. »
Ou sous la forme polysyndète, chaque élément de l’énumération étant lié aux autres par une conjonction ou une préposition :
     • 10 termes dans La Chasse au bonheur, « Le démon mesquin », page 28 :
« (...) rien n’est oublié : ni la chasse, ni l’office, ni le jardin, ni l’espalier, ni la feuille morte, ni l’écurie, ni le palefrenier, ni la cuisinière, ni la société, ni la solitude. »
     • 9 termes dans Le Poids du ciel, page 115 :
« (...) rien ne m’aidait, ni objets, ni couleurs, ni lumière, ni sons, ni hommes, ni femmes, ni vent, ni bête, ni matière. »
     • 7 termes dans Le Bestiaire, « Le minus », page 150 :
« On finit par n’avoir plus de peintures, plus de livres, plus de journaux, plus de gouvernements, plus de ministres, plus de chefs d’État, plus de police (...) »
et la même énumération page suivante, sous la forme asyndète :
« [des] minus se déguisent en peintures, livres, journaux, gouvernements, ministres, chefs d’État, police (...) »
     • 7 termes dans Le Poids du ciel, page 126 :
« La Terre roule sans Bach, sans Mozart, sans Beethoven, sans Homère, sans Shakespeare, sans Angelico, sans saint François. »
     • 6 termes dans La Chasse au bonheur, « La hideuse province », page 165 :
« Nous ne plaignons ni la nièce, ni l’oncle, ni Marie, ni Marina (...) ni Astrov (...) mais les malheureux pantins (...) »
Bien que ne constituant pas au sens strict une énumération, Le Poids du ciel propose, pages 83 à 86, la description de l’avancée de la nuit sur la Terre sous forme d’une liste de pas moins de 88 toponymes (y compris les quelques répétitions) !
De même, le texte « Le badaud », dans La Chasse au bonheur, propose, dans ses seules six pages (192 à 197), une description de la topologie de Paris en pas moins de 85 toponymes (répétitions comprises) !

L’épiphore

La répétition du même mot (ou d’une même expression) en fin de plusieurs phrases est plus rare chez GIONO. Je n’ai trouvé que ces exemples :
     • 12 répétitions dans Le Poids du ciel, page 71 :
« Un arbre : il dort. Un arbre : il dort. L’herbe dort. Un vol de canards dort (...) Un peuplier : il dort. Une forêt : elle dort. Le coq sauvage dort. Une chèvre perdue dort (...) Un cavalier dort (...) Un bouleau : il dort. Un bouleau : il dort. Un bouleau : il dort. »
     • 7 répétitions dans Le Poids du ciel, page 128 :
« Cent morts. Trois cents morts. Mille morts. Deux mille morts. Trois mille morts. Cinq mille morts. Dix mille morts. »
     • 4 répétitions dans Le Bestiaire, « La cantharide », page 56 :
« (...) à une heure d’ici, à deux heures d’ici, à trois heures d’ici, à vingt heures d’ici le vent hurle (...) »
     • 3 répétitions dans Noé, page 355 :
« Mais il ne peut pas aller droit au but ; il ne peut plus aller droit au but ; personne ne peut aller droit au but. »

L’homéotéleute

Rapprochement de deux mots se terminant de façon identique pour aboutir à une formule frappante.
     • dans Le Bestiaire, « The bear », page 139 :
« Il se nourrit du produit de sa pêche (...) et de sa lèche. »
     • dans Noé :
- page 287 : « On dirait que là ce sont (...) des langes et linges d’enfants. »
- page 347 : « Les orages, les rages du temps (...) »
     • dans Les Trois Arbres de Palzem, « La littérature », page 125 :
« Je fréquente des arsouilles, des fripouilles, des andouilles à l’esprit délicat. »

L’hyperbole

Exagérer la réalité pour frapper l’imagination.
     • dans Batailles dans la montagne page 11 :
pour faire ressentir le froid : « Un mois de juin (...) il fit (...) tomber le givre qui était resté dans ses moustaches. »
Et lorsque l’exagération atteint l’impossible, elle devient adynaton :
     • dans Le Bestiaire :
- « The bear », page 138 : « (...) la ligne Bayonne-Givet (...) »
- « Le verrat-maquereau », page 155 : « On en a vu (...) qui jonglaient avec des cachalots de cent tonnes (...) comme de simples sorbets. »

L’hypotypose

Une description abondante, souvent appuyée par une gradation, une énumération détaillée des événements.
     • dans Batailles dans la montagne page 39 :
« Elle revint faire un petit foyer, tira de la paille, plaça trois pierres, regarda la direction du petit vent, frotta une allumette (...) »
et la flamme « écheler dans la paille, toucher les écorces grasses, se coller aux morceaux de planche. »
     • dans Le Bestiaire :
- « Le grain de tabac », page 24 : « (...) et remuant des leviers qui mettent en marche des engrenages, qui soulèvent des pinces, ouvrent et ferment des tenailles, font bâiller des gueules, darder des piques et des fleurets, tourner des vilebrequins. »
- « Le serpent », page 94 : « (...) au fur et à mesure que l’individu tète sa nourrice, mange sa bouillie, bouffe la gamelle, mange de la vache enragée ou gobe des huîtres. »
     • dans Noé :
« (...) il fait un voyage (...) puis, coup sur coup, deux, trois, quatre, dix, vingt, trente voyages aux Baléares. »

La métaphore

Le rapprochement de deux termes appartenant à deux champs sémantiques différents, sous forme d’une comparaison ou d’une apposition, est la signature du génie de Jean GIONO, dont l’abondance et l’inventivité parsèment toute son œuvre. Notamment pour décrire des paysages terrestres à l’aide d’images marines ou, plus rarement, l’inverse. Les références musicales sont également très présentes.
     • dans Batailles dans la montagne :
- page 21 : « (...) on voyait galoper les eaux blanches et les crinières d’écume qui flottaient au-dessus des rochers. »
- page 138 : « Une grande chienne de lumière couchée sur les eaux allaitait des petits chiens d’ombre (...) »
     • dans Noé, page 106 :
« (...) une brune énorme et qui déplace [ses] cent kilos (...) en avançant deux colonnes grecques chaussées de souliers vernis. », c’est-à-dire « ses jambes ».
     • dans Le Poids du ciel :
- page 87 : « La cime des montagnes chante. (...) Une dernière pétarade de basson roule sur la pointe des forêts. »
- page 119 : « La porte de l’avenir est largement ouverte. »
- page 133, pour décrire l’action du vent sur la mer : « (...) l’incendie des vagues (...) la respiration des mers. »
- page 167, la description de la verticalité des arbres : « (...) les grands points d’exclamation de peupliers dressés dans lesquels le vent parlait. »

La métonymie, la synecdoque

Le remplacement d’un terme spécifique par un autre, plus imagé, qui change non pas le sens, mais la désignation, en semblant conduire à une anomalie du discours. Et la synecdoque, variante qui prend la partie pour le tout ou le tout pour la partie, etc.
     • dans Le Bestiaire, « The bear », page 139 :
« des képis à feuilles de chêne » pour désigner des généraux, dont le couvre-chef réglementaire est brodé de cet ornement.
     • dans La Chasse au bonheur, « Le badaud » :
- pages 193 et 195 : « (...) mon/ce/le bonnetier Bolivar (...) », désigne « le commerçant exerçant avenue Simon-Bolivar ».
- page 197 : « (...) siffloter de l’Offenbach (...) », c’est-à-dire « siffler un air composé par Offenbach ».
     • dans Le Moulin de Pologne, page 116 :
« (...) tout le casino riait d’elle (...) », c’est-à-dire « toutes les personnes présentes dans le casino ».
     • dans Noé, page 76 :
« (...) il s’agit d’impressionner les bas de laine. », c’est-à-dire « les bourgeois qui portent des bas de laine ».

L’oxymore

La juxtaposition de deux termes de sens opposés apporte un contraste dont la force peut conduire d’une atmosphère onirique à un humour subtil :
     • dans Batailles dans la montagne :
- page 57 : « (...) cet orage presque silencieux (...) »
- page 136 : « (...) la fumée du feu mouilleur (...) »
     • dans La Chasse au bonheur, « Peinture et dessin », page 185, à propos du croquis réalisé par l’artiste :
« (...) cette précision imprécise (...) »
     • dans Jean le Bleu page 61, à propos du « chant d’une flûte » :
« (...) un air tristement allègre. »
     • dans Noé :
- page 127 : « (...) une sorte de bonté inhumaine. »
- page 192 : « Mon oreille était éblouie. »
- page 213 : « (...) pendant qu’on restait ainsi (...), les yeux clos, à regarder (...) »
- page 214 : « (...) une très ingénieuse machine à voyager immobile. »
- page 247 : « (...) qu’un concert de sourdines semble strident. »
     • dans Le Poids du ciel :
- page 21, double opposition : « Oh, doux putride ! oh, magnifique puant ! »
- page 153 : « des océans de feu. (...) » Plus loin : « des flammes immobiles, les ouragans immobiles (...) »
- page 173 : « les hommes parlaient (...) avec de longs jurons paisibles. »

La parenthèse

Interruption provisoire du récit par une proposition autonome, marquée typographiquement par une paire de parenthèses ou de tirets.
     • dans Le Bestiaire :
- « La salamandre », page 103 : « Il faut (je n’y oblige pas ...) jeter une salamandre dans le feu (...) »
- « Les engoulevents de Vérone », page 116 : « (...) l’oiseau a juste laissé au passage (pour que vous en fassiez votre profit) le grondement d’une respiration (...) »
- « Le cheval-bistrot », page 135 : « (...) le prêtre vient – je l’ai dit – ouvrir ses bras (...) »
- « Le cheval-bistrot », page 135 : « (...) ce que tout le monde regarde c’est (Dieu me pardonne !) la queue du cheval (...) »
     • dans La Chasse au bonheur, « De certains parfums », page 229 :
- « Dans l’épreuve (dans les temps très anciens), Nimrod traversa les ténèbres (...) »
- « Comme tous les bergers (qu’il était), il mâchonnait (...) »
     • dans Noé :
- page 22 : « (...) un territoire géographiquement réel (dit-on) qu’on voit par les fenêtres (...) »
- page 88 : « Voilà à quoi vous entraîne (en pays civilisé) la dépense qu’on est obligé de faire (...) »
- page 224 : « (...) ces artères où circule déjà plus de bruit que de sang (à son avis) il vend (très cher) toute la pointe de son territoire (...) »

La paronomase

Un peu à la manière de l’homéotéleute, la paronomase rapproche des paronymes pour attirer l’attention du lecteur.
     • dans Noé, page 310 :
« (...) dont on voit luire l’huile (...) »

La personnification

Attribuer un comportement humain à un objet ou un élément de la nature efface la métaphore sous-entendue pour nous conduire à ne plus considérer que la figure de style nouvelle, c’est-à-dire la personnification.
     • dans Batailles dans la montagne page 182 :
les quatre torrents qui endommagent Villard deviennent : « (...) quand les quatre salauds gueulaient entre les rochers (...) »

Le pléonasme

Redondance étourdie ou synonymie volontaire ?
     • dans Noé, page 231 :
« (...) les Associés réunis. »

Le zeugme

La mise en facteur d’un terme (souvent un verbe) appliqué à deux éléments de registres sémantiques différents provoque un effet humoristique ou incongru, d’autant plus important qu’il est involontaire.
     • dans Batailles dans la montagne :
- page 174 : « (...) onze moutons (...) lourds de laine et de fatigue. »
- page 402 : « Boromé mélangeait sa barbe et son sommeil (...) »
     • pastichant Victor Hugo (Booz endormi), dans Le Déserteur « Arcadie... Arcadie... » page 223 :
« On voit leurs visages (...) pleins de pureté candide et de lin blanc (...) »
     • et le citant sans le nommer dans Les Trois Arbres de Palzem « Un peu de franchise » page 23 et « L’œil en coulisse » page 181 :
« (...) vêtu(e)s de probité candide et de lin blanc. »
     • dans Le Hussard sur le toit, page 469 :
« Reprenons nos esprits et de ce rhum (...) »
     • dans Jean le Bleu page 261 :
pour résoudre ce demi-zeugme : « (...) je l’ai embrassé sur la route », GIONO aurait pu le compléter par exemple avec « et sur la joue » ! (Cf. « Clins d’œil et coïncidences ».)
     • dans Le Moulin de Pologne, page 42 :
« (...) en prenant part à ce combat et à un poste éminent (...) »
     • dans Noé :
- page 185 : « (...) la vieille dame qui disparut. Non pas en fumée, mais en trottinant. »
- page 316 : « (...) pendant qu’il jette sur le garçon et sur le réservoir (...) un regard interrogateur. »
     • dans Le Poids du ciel, page 123 :
« (...) une femme qui ressuscite de ses péchés et de ses cheveux. »
     • dans Les Trois Arbres de Palzem, « Retour en arrière », page 91 :
« (...) ces sortes d’abcès blancs qu’on vend sous le nom (...) et sous cellophane. »

Note : les numéros de pages correspondent à ceux de l’édition courante de l’ouvrage concerné.

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